Organisé de 2012 à 2016, cet atelier invitait à se retrouver gare du midi, à prendre ensemble un train vers une ville belge et à se déplacer avec des consignes entraînant des écrits lus et partagés au cours de la journée. Une deuxième rencontre avait lieu quelques jours plus tard au Théâtre les Tanneurs afin de puiser dans les notes accumulées pour créer de nouveaux textes.
L’idée d’un atelier se déroulant en dehors de Bruxelles a été suggérée par les travailleurs sociaux et les responsables du CPAS de la Ville de Bruxelles avec lequel le Théâtre Les Tanneurs travaille en partenariat depuis 2003. Il s’agissait d’un souhait exprimé par des usagers du CPAS : changer d’air et découvrir d’autres lieux.
– Présentation de l’atelier –
Les ateliers « Jeux d’écriture » organisés par le Théâtre Les Tanneurs visaient à s’aventurer, sortir des schémas préétablis et avancer ensemble. Dans ce même état d’esprit, ils se prolongent sous une forme nouvelle.
Écrire se fait souvent assis, dans une position immobile, dans un lieu précis. On cherche les mots et l’inspiration dans un décor fixe.
L’atelier « En train – Décrire » invitait à écrire en voyageant. À ne pas chercher des idées mais à les récolter au cours d’une excursion : en se déplaçant, on croise des images, des sons, des éléments que l’on peut noter.
Le trajet en train nous donne une situation particulière. Transport en commun. Défilement de paysages. Arrêts multiples dans différentes gares. Prendre le train, c’est aller à la découverte.
Je proposais des consignes afin d’aiguiser l’attention. Par exemple : noter 20 mots durant le voyage en train ; par deux, choisir une rue, la décrire et choisir ensuite 2 éléments à partir desquels inventer une histoire qui concerne cette rue ; prendre note de minimum 5 éléments différents sur le chemin du retour vers la gare (ce que l’on observe, ce qui nous passe par la tête, ce que l’on entend…).
Mêler le déplacement et l’écriture au cœur d’un voyage, c’est bouger à la fois physiquement et intérieurement. Un parallèle intéressant qui dégage l’acte d’écrire d’un état statique pour aller à la cueillette d’idées qui nous entourent.
Concrètement, il y avait la production de bribes, traces, petites notes lues et partagées au cours de la journée.
Par la suite, une deuxième rencontre de 3 heures avait lieu afin de repasser par ces écrits glanés en chemin et s’en servir comme source permettant la création de nouveaux textes. Des exercices étaient alors proposés, des consignes permettant de se laisser guider par les mots afin d’affiner la perception de l’écriture comme un voyage possible.
– Destinations parcourues de 2012 à 2016 –
Gand (3 fois) • Liège (2 fois) • Ostende (3 fois) • Namur • Malines • Tournai (2 fois) • Anvers • Blankenberge • Mons (3 fois) • Nivelles (2 fois) • Louvain (2 fois)
– Suite de l’atelier : le porche du Théâtre –
Dès les premiers voyages, des participant·e·s ont posé la question : et ensuite, que vont devenir ces écrits ?
Pendant plusieurs années, le mur d’entrée du porche du Théâtre Les Tanneurs a été utilisé pour mettre en lumière certains ateliers et Projets-Quartier. Dès lors, Patricia Balletti, responsable des relations avec le quartier et les écoles, a proposé d’utiliser cet espace pour rendre visibles les textes collectifs nés dans l’atelier « En train – Décrire ».
De fil en aiguille est née l’idée suivante : transmettre à un·e artiste plasticien·ne des textes réalisés au cours de l’atelier afin qu’ils servent de base à un travail consistant à traduire l’esprit de l’atelier sur ce mur.
Nous n’avons pas cherché un·e artiste ayant uniquement son propre univers mais un·e artiste désireux·euse aussi d’entamer une collaboration, intéressé·e par la démarche de l’atelier, par les textes réalisés et par un échange avec les participant·e·s.
La rencontre avec l’artiste Parole a été déterminante. Nous avons apprécié son travail, son esthétique, sa curiosité vis-à-vis des mots et de l’acte d’écrire en général, ainsi que son enthousiasme pour notre proposition.
Notre souhait était que le mur donne une impression, procure une sensation en lien avec le contenu de l’atelier, sans que les textes soient forcément lisibles. Comme pour le livre Jeux d’écriture sorti en 2013, où nous avions scanné les carnets des participant·e·s, il s’agissait ici de partager l’esprit de l’atelier, qui avait pour fondement le jeu dans l’écriture ouvrant sur de nouveaux espaces de liberté.