Les ateliers « Jeux d’écriture » avec les enfants se composent d’un parcours de 3 séances de 3 heures comme dans les autres cas. Ils ont toutefois une particularité : ils impliquent davantage le corps, les mouvements, les jeux variés centrés sur les mots.
Cette approche repose sur les sons et les images. Les mots ont une signification (voire plusieurs) et ils créent aussi des sensations, offrent une musicalité, réveillent des souvenirs, font surgir des associations.
[…] un mot jeté au hasard dans l’esprit produit des ondes en surface et en profondeur, provoque une série infinie de réactions en chaîne, entraînant dans sa chute sons et images, analogies et souvenirs, significations et rêves, dans un mouvement qui concerne à la fois l’expérience et la mémoire, l’imagination et l’inconscient […].
Gianni Rodari
– Contenu de l’atelier –
Jouer avec les mots permet d’oublier un instant les aspects de contrôle, d’évaluation, de peur de se tromper qui bien souvent sont associés à l’écriture pour entrer sur un terrain où ils deviennent des objets à triturer, écouter, malaxer, deviner.
En alternant des exercices physiques dans l’espace, des exercices à voix haute et des moments d’écriture, les enfants peuvent expérimenter différentes dimensions du langage et différents modes d’expression : faire deviner les mots par des mimes ; jouer avec les sons des syllabes en faisant varier le volume, la vitesse, l’intonation ; inventer une image qui n’existe pas dans la réalité à partir d’un mot ; créer des mots ; prendre une position physique immobile dans l’espace illustrant un mot… Nous travaillons sur l’instantané, la création spontanée, autrement dit : l’improvisation à partir des mots.
Concernant l’écriture proprement dite, les ateliers « Jeux d’écriture » invitent les enfants à relever des défis accessibles, créatifs, ludiques, s’appuyant sur des connaissances qu’ils possèdent déjà. L’objectif est de banaliser l’acte d’écrire, de le mettre à portée de main comme lorsqu’on saisit un ballon ou qu’on lance un dé.
Les exercices écrits consistent notamment en des associations de mots, des inventions d’images, des créations de textes en partant de mots reçus, de mots notés à l’écoute de musiques qui sont ensuite introduits dans une histoire… seul·e, par deux, par le groupe entier… en variant les façons de les lire : des équipes peuvent se diviser les parties de leur texte ; des suggestions peuvent être émises sur le ton à employer (de façon énervée, triste, joyeuse, furieuse…) ; suite à l’écriture d’un texte écrit par l’ensemble du groupe, la lecture peut se dérouler sous la forme d’une improvisation collective où chacun intervient dès qu’un autre s’arrête…
L’atelier propose un contexte d’exploration. Il soutient l’audace de se lancer, vise à fluidifier le geste, à encourager et à développer la possibilité de se laisser porter par les élans de la créativité sans se bloquer, se juger, se freiner. S’attachant à offrir un espace où l’écriture se déploie avec la vitalité d’un flux, il invite momentanément à ne pas se préoccuper de l’orthographe : ce n’est pas sur ce terrain-là que l’attention se porte.
Le fil rouge des ateliers avec les enfants, l’axe central, consiste à rester en lien avec la sensation de défi abordable, l’envie d’essayer, le plaisir d’oser se lancer en déplaçant la cible de l’attention afin que celle-ci ne vise pas l’acte d’écrire et qu’elle se fixe plutôt sur une consigne à respecter (par exemple, ne pas s’arrêter d’écrire ou devoir placer certains mots). Autrement dit : rester en lien avec la joie de jouer. Comme me l’a confié un enfant à la fin d’un atelier : « Je n’ai jamais écrit autant de toute ma vie ! Mais c’est parce qu’en fait j’oubliais que j’écrivais, je n’y pensais pas. »
Lire dans la revue AfeuilleT (Feuillet d’information mensuel de la Coordination des écoles de devoirs de Bruxelles) le dossier « Voyager dans et par les mots » par Véronique Marissal qui présente des ateliers réalisés avec les enfants à l’Antenne sociale Béguinage du CPAS de Bruxelles.
– Développements –
Si la base des ateliers « Jeux d’écriture » était de 3 séances de 3 heures, certaines collaborations se sont poursuivies, permettant aux enfants de continuer leurs expérimentations. Ainsi, par exemple :
● un parcours de 7 séances avec les enfants d’Habitat et Rénovation Querelle a permis la création de personnages, de monologues et de dialogues, l’invention d’un pays imaginaire et de ses habitants ;
● un parcours de 12 séances avec les enfants de l’Antenne sociale Béguinage du CPAS de Bruxelles au cours duquel a eu lieu une exploration du quartier en petits groupes, l’observation et la description des rues, des passants, la création de personnages à partir de ces personnes croisées et l’invention d’histoires ;
● un atelier « danse et mots » de 3 séances en collaboration avec la chorégraphe Caroline Cornélis pour des enfants de l’Antenne sociale Béguinage du CPAS de Bruxelles ;
● un atelier de création théâtrale de 8 séances invitant des enfants de 8 à 14 ans du Projet de Cohésion Sociale Radis-Marolles à créer leurs personnages, les situations et les dialogues, au bout duquel est née la pièce de théâtre « Voilà, c’était mon histoire ! ».
En 2015, les enfants d’Habitat et Rénovation Querelle ont participé à des présentations publiques au Théâtre Les Tanneurs. L’une avec des pensionnaires du home « Aux Ursulines » et de l’Institut Pacheco lors d’une journée de présentation des ateliers, l’autre dans la salle du Théâtre pour la fête de Saint-Nicolas de l’association.