Écrire. Écriture. Rature sculpture urticaire se taire errer rêver véranda dadaïsme isthme Suez Suarez morsure morse Alaska Casimir île aux enfants jouer.
Aujourd’hui, pour moi, écrire c’est créer une relation réciproque avec les mots. Ne pas chercher uniquement à les dompter mais leur permettre aussi de me guider. Quitte à ce que l’absurde s’en mêle.
Depuis que j’explore cette facette de l’écriture, j’y découvre sans cesse de nouvelles possibilités à tester. Terrain d’expérimentation, lieu d’action. Action, respiration, mouvement. Comment permettre à ce mouvement de m’entraîner ? Voilà ce qui m’intéresse dans l’écriture : suivre des chemins que mon cerveau n’a pas l’habitude d’emprunter. Parvenir à sautiller des deux côtés de la frontière entre ce qui est logique, construit, décidé et ce qui échappe à ma volonté, me surprend, me glisse des mains.
Si ce territoire hors du contrôle m’enthousiasme autant, c’est, entre autres, parce qu’il recèle un puissant potentiel de remise en question. Questionner ce qui semble établi. L’ordre établi. Le monde tourne dans un sens censé être sensé. Mais si l’on s’éloigne du sens commun, que se passe-t-il ? Quelles sont les barrières à franchir pour oser s’affranchir de l’obligation d’être sensé ? Et quels espaces de liberté sont alors explorés ? Liberté – voilà ce qui m’importe, ce qui anime mon désir de proposer des moments collectifs que j’appelle depuis 2008 « ateliers d’improvisation écrite ». Centrale dans le nom et dans le contenu : l’improvisation. Il s’agit de s’éloigner des terrains familiers, apprivoiser la crainte de s’aventurer, surmonter son propre jugement (qui peut être tenace), s’approcher doucement des zones inconnues, essayer, y aller… … … voir ce qui se passe… … et échanger ensuite ses impressions.
Être ensemble. S’associer. Associer les mots. Suivre les associations qui naissent des sons, des sensations, des images. Tout le monde peut s’embarquer car on associe à partir de ce que l’on connaît déjà. L’écriture, s’appuyant sur des mots, musiques, photos, tableaux, voix… tantôt seul·e, tantôt à deux ou en groupe, est envisagée comme une expérience en soi.
Mon plaisir, mon moteur dans l’animation consistent à accompagner chacun·e dans la découverte de ses propres ressources d’expression. Élargir le champ des possibilités singulières. Partager avec les participant·e·s ma conviction profonde : hors des formatages de tout poil, existent des étendues fertiles à cultiver.
J’ai commencé à proposer ces ateliers en Italie à partir de 2006 avant de les développer à Bruxelles. Sont nés alors en 2008 « IMPRO MOTS » dans les bibliothèques communales d’Etterbeek et d’Anderlecht ainsi que « Jeux d’écriture » au Théâtre Les Tanneurs.